Xie Yimin l'ater ego féminin d'Iyama Yuta

Il existe d’excellentes joueuses qui se révèlent en particulier dans les tournois réservés aux femmes. Et parmi elles, l’une truste depuis quelques années les trois grand titres féminins japonais: je parle bien entendu de Xie Yimin.

Xie Yimin

Tout d’abord un petit tour d’horizon du go féminin au Japon. De ce que j’en sais (mais je me trompe peut-être), les 7 tournois du grand chelem dont je vous ai déjà parlé sont ouverts aux concurrentes féminines. Mais il y a moins de joueuses professionnelles que de joueurs, et qui plus est, il est extrêmement difficile d’atteindre la ligue (environ 8 ou 9 joueurs) de chaque tournoi qui permet de désigner le challenger au détenteur d’un titre. Sans parler du fait que les femmes s’intéressent semble-t’il un peu moins au go que les hommes au Japon, ce qui limite automatiquement d’un point de vue statistique les probabilités qu’une joueuse atteigne une ligue.

D’origine taïwanaise, Xie Yimin est devenu professionnelle à l’âge de 14 ans en 2004, à cette époque, le record de la plus jeune joueuse devenue professionnelle. En 2007, elle obtient son premier titre majeur, le Honinbo féminin à seulement 17 ans. L’année suivante elle remporte également le Meijin qu’elle conservera avec le Honinbo jusqu’à aujourd’hui. En 2010 elle obtient le Kisei qu’elle perdra en 2012 pour le reconquérir cette année. Elle a obtenu de nombreux autres titres, et du point de vue international, elle n’est pas en reste.

Elle règne donc sans partage ou presque depuis 2008 sur le go féminin japonais, sa grande rivale du moment étant Mukai Chiaki. Mais pour tout vous dire, depuis 2012 elle connait un petit coup de mou. En effet difficile de rester au top plus de 4 ans quand vous êtes l’homme (ou en l’occurrence, la femme) à abattre.

En ce moment elle essaye de résister aux assauts de sa grande rivale (Mukai Chiaki, pour ceux qui n’auraient pas suivi) pour conserver son titre de Honinbo:

Lors de la première partie ont peut voir dès les premiers coups un choix assez inhabituel de joseki (c’est personnellement la première fois que je le vois, très intéressant pour ceux qui aiment le moyo central et le sente):


La partie gagne en intensité lors du combat central, s’en suit un lutte féroce débouchant sur un ko que blanc ne peut pas gagner vu l’énormité du groupe central et l’absence de menace équivalente. Xie Yimin abandonne donc logiquement, un combat à retenir pour profiter d’un groupe faible en le chassant vers son influence et ses groupes forts.

Au deuxième round Xie doit se ressaisir pour éviter des match couperets, le titre se jouant au meilleur de 5 manches (la première à 3 victoires).


Le premier joseki (qui se finit au coup 60) me parait favorable à noir au vu du sente, de l’aji sur le groupe sacrifié noir et du territoire obtenu par chacun. Xie Yimin gère ensuite parfaitement bien son avance sans se mettre en danger pour gagner de 3.5 points (avance conséquente à ce niveau). La championne revient donc dans le match pour le titre.

Pour le troisième match les compteurs sont donc de nouveau à zéro:


Lors de cette partie tendue, Xie Yimin n’arrive pas à attaquer efficacement l’invasion du bord nord-ouest et se retrouve avec un manque de territoire qu’elle ne rattrapera pas au yose. Belle victoire de Mukai Chiaki de 3.5 points également.

C’est donc un match couperet que dispute la taïwanaise pour la quatrième partie:


Cette partie est un modèle où blanc ne veut pas prendre le moindre risque. il est très difficile de la commenter vu l’absence ou presque de combat. Personnellement je pense que le coup 14 est une erreur de direction, je l’aurais plutôt vu en pince troisième ligne (tobi par rapport à la pierre noire de troisième ligne du groupe nord-ouest noir). Mais c’est très présomptueux de ma part. Le fait que Noir puisse faire un kosumi sur sa pierre noire en bas à gauche après avoir consolidé ses positions sur les bords nord et ouest en sente me semble légèrement lent pour Blanc.

Xie Yimin égalise et se donne la possibilité de disputer une finale dans la finale:

Malheureusement l’histoire se termine mal pour la championne qui doit abandonner après une belle remontée dans la course au titre. Elle le cède donc à Mukai Chiaki qui remporte là son premier titre majeur à bientôt 26 ans (elle est né un 24 décembre). Grâce à cette victoire celle-ci verra son 5 dan réévalué d’ici peu.

Mukai Chiaki