Ce vendredi c’est l’avant-dernière journée au congrès. C’est la dernière fois que le programme est complet, avec des cours, des parties simultanées, des revues de parties par les pros et des tournois annexes. Il y a de moins en moins de participants et on sent que les organisateurs attendent la fin avec impatience. Tous le monde est peu fatigué.
Ce matin je joue contre un 1 kyu qui ne semble pas avoir fait de tournoi depuis un moment. Après une invasion au coin de ma part il fait un san-ren-sei depuis le mur de 3 pierres. Hmhmhm, c’est déconseille par certains pédagogues, mais la dernière fois que j’ai joué contre un san-ren-sei, j’ai perdu. Je continue prudemment et je réduis comme c’est dans les bouquins. Il approche mon dernier coin ouvert et là je lui joue un time-suji. Il se met à réfléchir…
Il trouve une réponse un peu bizarre (coup 37) et je manque la réfutation. Le résultat est acceptable, mais il reste le sentiment que je ne me suis pas sorti pour le mieux. D’après AI-Sensei mon adversaire prends un léger avantage. Moi, j’ai juste le sentiment ça va être une partie longue. Mon coup 84 applique le proverbe ‘Soit jaloux du territoire de ton adversaire’. J’ai l’impression que je dois sortir par tous les moyens pour ne pas tomber en arrière. Le coup le plus important me semble être E7, mais je n’ai pas la confiance de le jouer tout de suite. Heureusement mon adversaire cherche à tuer mon groupe au centre ce qui parait fort improbable. La tentative ne lui apporte pas grande chose mais me fait vivre. Finalement j’ose jouer E7 au coup 130. C’est sente et je peux continuer de prendre d’autres grands points de fin de partie. Je gagne de 8,5.
Ralf Wurzinger (2k, blanc) vs Steffen Manzanek (1k, noir) |
Je vais au cours donné par le nouveau Champion d’Europe, Andrii Kravets. Andrii est professionnel depuis 2017. Actuellement il vit à Iéna est travaille comme prof de Go à la JIGS (Iéna International Go School). Son cours porte sur les valeurs du Ko. Il nous montre des positions de parties professionnelles. Sur la première partie il nous demande d’abord à combien nous estimons la valeur du Ko qui se trouve sur un bord au milieu de partie. Il ne paie pas de mine (le Ko), mais les conséquences sont tellement important sur les deux côtés qu’il s’estime à quelque chose entre 60 et 70 points. Impossible d’attribuer une valeur exacte. C’est un Ko à ne pas perdre, de toute manière il n’y a souvent pas de menaces assez grandes. En général une menace doit valoir au minimum un tiers de la valeur du Ko. Le menaceur pourra faire deux coups de suite si l’opposant veux gagner le Ko.
Après In-seong donne deux cours à la suite, car il a cru pouvoir faire son dernier cours samedi. Sauf que samedi il n’aura plus de cours , il faut finir aujourd’hui. Le sujet est d’abord technique : comment on tue des groupes sans se fatiguer, car souvent il suffit de réduire depuis l’extérieur pour arriver à une forme qui ne peut pas vivre. Il ne faut pas se précipiter de jouer à l’intérieur. La deuxième partie porte sur la question Comment progresser ? L’expérience d’In-seong montre que nous avons tous des styles de jeu qui se laissent classer en 7 catégories. Le clé du progrès est de changer son style quand on est arrivé à un plafond dans sa progression. Je connais bien ce conseil, mais le mettre en pratique n’est pas si évident.
Comme je n‘ai pas eu le temps de manger à midi je vais à 25 minutes à pieds au restaurant Forsthaus Raschwitz devant lequel je suis passé de nombreuses fois en bus. Il a des bonnes notes chez un fournisseur de cartes sur internet, et je fais confiance. Un Forsthaus est une Maison Forestière. La maison n’est plus dans la forêt mais au bord de la rue et il a été transformé en restaurant depuis un moment. Le bâtiment est impressionnant. Ici les restaurants ouvrent à 18h et il y a souvent des gens qui arrivent à cette heure là. Il y a des girolles et je prends un Schnitzel (filet de porc panné) avec. Et bien sur la bière de la maison.
L’accueil est sympathique et tout est exactement comme décrit dans les avis sur le web. A une table pas loin j’aperçois un groupe de joueurs autrichiens. Avant de quitter je commande encore un dessert, des Marillenknödel. Ce sont des abricots (Marillen) cuit dans un genre de quenelle avec une boule de glace vanille à côté. Le terme Marillen est autrichien, je suis un peu étonné comment c’est arrivé ici.