Le blog du Congrès Européen à Leipzig – Jour 7

Je dois partir plus tôt qu’avant, mais pour un habitant de la région parisienne c’est cool : seulement 45 minutes de transport. Je monte à l’avant dans le bus pour acheter un ticket, mais la machine est H.S. et le conducteur me dit de monter comme ça. Je vois sur un panneau qu’un petit oubli est facturé 60 €. Bon, en cas de contrôle, je vais bien me défendre et signaler que le chauffeur m’a dit que c’était OK. Sauf qu’après quelques stations il y a un changement de conducteur, et le nouveau ne m’a pas vu… Cependant, il n’y a pas de contrôle et je descends du bus avec d’autres participants du congrès.

Mon adversaire ce matin est un jeune Ukrainien, 4k, qui a déjà quatre victoires d’affilée. Il joue vite au début mais ralentit une fois que les dix premiers coups sont posés. J’ai l’impression que certains de mes coups le surprennent un peu et le font réfléchir. Je suis en confiance, j’ai l’impression de prendre une légère avance. Je vois que je peux provoquer un ko, mais que je suis encore un peu trop faible pour en profiter. En plus, il me manque des menaces. Et là… je ne comprends pas, je n’arrive pas à l’expliquer… je joue le ko quand même. Euh, bref, bon, je voulais dire… il devient vite évident que c’est lui qui va en profiter. Je continue quand même la partie, parce qu’une gaffe est vite arrivée. Mais il n’en fait pas. Premier abandon du tournoi, bien fait pour ma gueule.

Après avoir traîné, un peu perdu, dans les couloirs, je m’assois dans la grande salle pour regarder ma partie avec AI-Sensei. Mon adversaire a bien joué, je n’étais pas assez patient.

Je retourne au café de la veille, car la bouffe était nettement mieux qu’au food-truck. La dame m’accueille très gentiment, comme si elle voulait réparer sa méprise de la veille. Je prends une focaccia tomate-mozzarella et je m’assois dehors. Ils ont beaucoup de places, le café doit être plein de temps en temps. Ensuite je prends une bonne glace 3 boules et je retourne au lycée.

J’attends 16 h 30 pour aller voir l’exposé de Erwin Gerstorfer, collectionneur d’estampes japonaises de go. C’est la même personne qui m’a déjà vendu la petite collection de revues françaises en début de semaine. Je lui ai demandé, un peu plus tôt, de quel sujet il allait parler : il m’a montré quelques estampes (des originaux) et m’a expliqué ce qu’elles représentaient. C’était très gentil et j’étais impressionné. A la fin il m’a dit qu’elles étaient à vendre. Bref, bon, j’avais peur qu’il me coince encore. Je trouvais ça intéressant, mais sa collection ne me fascinait pas au point de vouloir en avoir chez moi. Mais je lui ai promis de venir à son exposé.

Il y a donc une bonne vingtaine de personnes intéressées par son exposé. Erwin possède une vaste collection d’environ 500 pièces, les plus anciennes datant du milieu du 18e siècle. Il nous explique ce qu’elles représentent, souvent certains scènes où les héros frappent leurs agresseurs avec un goban. Erwin ne collectionne que des scènes où le go est représenté, même si c’est un motif très marginal dans le fond de l’image. Il a quelques estampes à vendre, ça commence à 100 € pour une œuvre d’un artiste méconnu, avec un motif peu demandé et un état moyen. Les vagues de Hokusai (il ne les a pas) sont bien sur hors de prix.

Les estampes sont imprimées à partir d’un bloc en bois sur lequel le motif est gravé. Chaque couleur est imprimée séparément. J’ai appris qu’à partir de l’ère Meiji (après 1868) les couleurs sont plus vives, car à la suite de l’ouverture du pays aux étrangers, les imprimeurs utilisaient des couleurs chimiques venant d’Europe. Avant, seules des couleurs naturelles étaient utilisées, or elles vieillissent assez mal et perdent leur brillance.

Ensuite, je vais à l’arrêt de bus pour rentrer en ville. Je gaffe en demandant au conducteur si le bus va en ville, ce qui est absolument évident pour lui. Après ce coup de débutant (touriste), je m’assois et fais bien attention de descendre au bon arrêt. Comme à ma station il y a un distributeur de tickets, j’en achète un pour la semaine et je suis tranquille. C’est le bon joseki.

Arrivé dans mon nouveau logement, je ressors tout de suite pour aller au Biergarten, à seulement 12 minutes à pied. Il y a une petite queue pour entrer mais je n’attends que 2 ou 3 minutes. C’est du self service, il faut aller au bar chercher sa bière. J’attends aussi un peu. Mais il fait lourd et je me sens faible, boire une bière devient une urgence !

Il y a bien du monde dans ce Biergarten. C’est plutôt un endroit djeun’s, mais je vois aussi quelques personnes plus âgées que moi. Je fais à nouveau la queue pour acheter quelque chose à manger. C’est un coin à burgers ici, mais j’opte pour la Sommersalat (salade d’été). On me donne un biper et j’attends à côté, car les tables libres sont assez rares.

Heureusement il y a un groupe de musique de 5 personnes avec une instrumentation assez inhabituelle : une guitare acoustique amplifiée, un violon, un accordéon, un trombone à coulisse et un mec qui tape sur un caisson en bois. Le guitariste et le caissonniste sont devant et chantent aussi. Et ça envoie !

Comme la préparation de la salade prend du temps, parce que le cuisinier avait plein de burgers à cuire avant, je fais un tour pour repérer d’autres personnes du congrès. Personne. Je prends une deuxième bière en attendant et je trouve une table pour m’asseoir. Après un peu plus d’une heure, mon biper sonne et je cherche ma salade. C’était une bonne soirée et je risque d’y retourner.